Le prix Confucius de la paix, qui se veut une alternative chinoise au prix Nobel, a été attribué jeudi au président zimbabwéen Robert Mugabe, pourtant l'objet de vives critiques de la part des défenseurs des droits de l'homme.

Robert Mugabe succède au président russe Vladimir Poutine (2010) ou encore à l’ex-président cubain Fidel Castro (2014) – ce qui ne manquera pas d’en faire sourire certains. Il recevra une récompense de 500 000 yuans (69 000 euros), financée par un homme d’affaires (qui restera anonyme).

Qiao Damo, fondateur du Centre chinois d’études internationales pour la paix, organisation qui décerne le prix, a expliqué jeudi 22 octobre que le chef de l’État du Zimbabwe avait été retenu pour ses « contributions exceptionnelles à la paix mondiale ». Le dirigeant africain nonagénaire a été préféré à neuf autres finalistes, dont le milliardaire Bill Gates, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon ou encore la présidente sud-coréenne Park Geun-hye, a-t-il ajouté. « Si (Mugabe) n’était pas arrivé au pouvoir en 1980, quel talent aurait été gâché ! » s’est exclamé Qiao Dama, pointant sa capacité à « stabiliser le Zimbabwe » en établissant « un ordre (…) bénéfique au peuple », mais aussi à « promouvoir la paix en Afrique » en occupant la présidence tournante de l’Union africaine. « C’est normal qu’il y ait eu un peu de désordre » au Zimbabwe sous Mugabe, a précisé Qiao Dama. « Quand les États-Unis ont été fondés, la situation était très chaotique. Et le Zimbabwe a été fondé il y a trente ans seulement. »

Pour Gorden Moyo, secrétaire général du Parti démocratique populaire (mouvement d’opposition), sur le site d’information Bulawayo24, remettre ce prix à Mugabe est une « absurdité ». « Les organisateurs devraient avoir honte de récompenser des meurtriers qui se déguisent en pacifistes. » »Mugabe, tel que nous le connaissons et tel que les Zimbabwéens en ont fait l’expérience, est un va-t-en-guerre et un sadique qui se délecte de la misère de son peuple », a-t-il déclaré.

Le prix Confucius est apparu en 2010, après la remise du prix Nobel de la paix au dissident chinois emprisonné Liu Xiaobo, ce qui avait provoqué la fureur de Pékin. Il s’agissait, selon Qiao Dama, d’établir une alternative « asiatique » à un Nobel « trop extrême et ne reposant pas sur des faits objectifs ».

Par Jeune Afrique avec AFP

Mamadou Lamarana LY pour maguinee.com