Emploi des jeunes, scolarisation, démocratie et pouvoir d'achat sont au coeur des revendications des Guinéens, à un mois de la présidentielle du 11 octobre 2015. Ici, dans le quartier de Bambeto à Conakry en 2013.

En Guinée-Conakry, la campagne du scrutin présidentiel est lancée depuis jeudi 10 septembre. La veille, le président Alpha Condé a signé un décret lançant officiellement la course électorale. Pour l'instant, pas de meeting, pas de cortège, pas de carnaval dans la capitale. Les candidats se sont limités à des déclarations pour présenter leur programme et tenter de séduire les électeurs. A un mois du premier tour, quelles les attentes des Guinéens sont d'ailleurs fortes. Quelles sont les chances des autres et des autres ?

A tout seigneur, tout honneur. Alpha Condé, président-candidat et doyen du groupe des impétrants, dispose d’une machine électorale expérimentée, avec notamment d’anciens cadres de précédents régimes, qui connaissent dans les moindres détails le système électoral guinéen. Par le passé, ils ont en effet géré, ou co-géré, toutes sortes de scrutins sous le régime de feu le général Lansana Conté.

Il y a aussi des préfets, des sous-préfets et des maires, que l’opposition accuse de rouler pour le pouvoir. Le président Condé lui-même ne parvient pas à les discipliner, malgré ses nombreux rappels à l’ordre. Le ministre de l’Administration du territoire a dernièrement pris un arrêté menaçant de lourdes sanctions toute interférence de l’administration dans le processus.

En face du camp présidentiel : Cellou Dalein Diallo. Le finaliste malheureux de 2010 repart cette année à la conquête du palais, avec son électorat qui lui est resté fidèle, et grâce auquel il a obtenu 37 députés à l’Assemblée nationale - une première pour un opposant en Guinée. Il y a aussi Sidya Touré et l’UFR, la troisième force politique du pays si l’on tient compte des élections organisées en Guinée. M. Touré nourrit de grosses ambitions. Surtout, il rêve d’un second tour qui lui suffirait pour s’emparer du pouvoir. Lansana Kouyaté et Papa Koly Kourouma, sur le papier, ne partent pas avec les faveurs des pronostiques. Mais ils peuvent, avec un minimum d’organisation, créer des surprises. Restent les nouveaux venus : MM. Faya Millimono, Georges Gandhi Tounkara et Mme Marie Madeleine Dioubaté. Sans se faire trop d’illusions, ils joueront les trouble-fêtes et les faiseurs de roi.

Les attentes des électeurs guinéens

Dans les rues commerçantes de Madina, un quartier de Conakry, les opinions sont partagées. Chacun défend son candidat, mais tous réclament une élection calme et apaisée. « Nous voulons une élection libre et transparente pour assurer la paix », confie un habitant à RFI. « Réclamer une classe politique forte demain, je dirais oui, mais qui est ouverte à d'autres Etats démocratiques », ajoute un autre.

Même si certains saluent le bilan du gouvernement, par exemple la construction du barrage de Kaleta qui permet d'alimenter la capitale en électricité, pour les Guinéens de nombreux chantiers restent à entreprendre. « Ils devraient aider les femmes et aussi aider les gens à se scolariser, parce la majeure partie des jeunes filles sont analphabètes », réclame une habitante.

Un autre électeur confie : « La première priorité que je réclame, c'est l'emploi des jeunes. Deuxièmement, augmenter le nombre de chantiers. C'est-à-dire de faire des infrastructures.Troisièmement, le panier ménager. Il y a eu de l'inflation donc les prix ont un peu augmenté. Il faut l'autosuffisance alimentaire. Ce qu'on réclame, ce sont les besoins fondamentaux. Par exemple la nourriture, l'eau et l'électricité. » Le premier tour de l'élection présidentielle est prévu pour le 11 octobre.