Les aveux troublants de l’épouse de l’ancien président Conté qui enfoncent l’homme d’affaires israélien Benny Steimetz. La quatrième épouse de l’ancien et défunt chef d’État guinéen, Lansana Conté, Mamadie Touré, installée à Jacksonville (Floride, États-Unis) a lâché des bombes aux enquêteurs américains sur les péripéties des transactions qui ont abouti à l’attribution des permis miniers sur les gisements de Simandou sous l’ère Lassana Conté au conglomérat israélien BSGR,.... propriété de l’homme d’affaires Benny Steimetz, en bisbille avec le président Alpha Condé.

Une corruption à grande échelle aux allures insoupçonnées où tout y passe : cadeaux en bijoux, montres en diamant, paquets de liasses en devises étrangères, bolides de luxe, virements de plus de 5 millions de dollars dans les comptes de Mme Conté...

Les Afriques vous livre en détail les contours hideux et obscurs du scandale de corruption sur la concession de BSGR

Mamadie Touré est une Première dame aux appétits boulimiques. L’affaire BSGR, communément appelée les gisements de Simandou, est l’un des plus gros scandales de la Guinée post-indépendance. Six ans après la mort du président Lansana Conté, une de ses épouses, Mamadie Touré, établie à Jacksonville, en Floride (États-Unis), est rattrapée par le scandale autour de l’attribution des titres miniers de Simandou à la multinationale BSGR, propriété du magnat israélien, Benny Steimetz.

Ce dernier, en conflit ouvert avec le régime d’Alpha Condé, depuis son arrivée aux affaires du pays, est déclaré persona non grata par Conakry qui l’accuse d’avoir versé des pots-de-vin au clan conté, dont sa femme Mamadie Touré en première ligne, et à une poignée de dignitaires. La native de Dubréca (village de l’ex-Première dame) a pris son courage à deux mains et osé franchir le Rubicon, en se livrant aux enquêteurs américains, au moment où l’état guinéen a ouvert une enquête internationale pour élucider la ténébreuse affaire des titres miniers de Simandou attribués au puissant et richissime homme d’affaires israélien, Benny Steimetz, au banc des accusés de Conakry depuis la mort de l’ancien président et l’arrivée au pouvoir du nouveau locataire du palais Sekoutouréya. Conakry persiste dans sa position et continue de charger le milliardaire Benny Steimetz, lequel, selon l’actuel régime, aurait corrompu sans scrupule, sans contrats juridiques crédibles et appels d’offres, durant plusieurs années, la quatrième épouse du défunt président Conté et ses proches pour s’offrir les 2 blocs de Simandou.

Les services de renseignements américains, dans le cadre d’une collaboration internationale, ont eu la prouesse de lever le lièvre en cuisinant Mme Condé, Mamadie Touré, vivant aux États-Unis depuis sa fuite de la Guinée et considérée comme une pièce maîtresse du puzzle. Cette dernière a confirmé au cours de son audition avoir bénéficié de privilèges ostentatoires auprès des intermédiaires et émissaires "véreux" de l’homme d’affaires Benny Steimetz. L’épouse du général Lansana Conté, profitant de son statut, a fait des aveux troublants devant les enquêteurs américains sur les méthodes peu orthodoxes utilisées par les missi dominici du milliardaire Benny Steimetz avec pour seul objectif la corrompre et s’adjuger les blocs 1 et 2 de Simandou. Les éléments d’audition contenus dans le procès-verbal qui grillent l’épouse de l’ancien président ont été largement confirmés et transcrits samedi dernier par le site guinéen, kaloumpresse.

Jeux et connexions troubles

L’homme d’affaires israélien, dans sa stratégie bien planifiée de spolier l’État guinéen, à vil prix, pour l’obtention des titres miniers, s’est attaché les services d’un vaste réseau d’intermédiaires véreux qui sont parvenus à "ferrer" l’épouse chouchoutée du président Lansana Conté par le biais de cadeaux de valeur et des mallettes d’argent. Des noms sont balancés par l’ex-épouse du défunt chef de l’État. Il s’agit de Frédéric Cilins, Asher Avidan, Patrick Saada, Noy, Ibrahim Touré, Issiaga Bangoura, Mamady Sam Soumah, Loncény Nabe et Marc Struik. À l’évidence, ces hommes ont manœuvré en coulisse ou joué un rôle non négligeable pour faire avaliser au chef de l’État, Lansana Conté, la signature des titres miniers. Avec la caution et l’entregent de Mamadie Touré. L’ancien ministre des Mines de l’époque, Ahmeth Tidiane Souaré et ancien Premier ministre de Conté, a été cité par l’épouse de l’ancien chef de l’État pour accélérer le dossier. Mais, selon les premiers éléments de l’audition, Fodé Soumah, ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, passe pour être la véritable courroie de transmission de départ établissant la connexion entre Mme Conté et les émissaires de Benny Steimetz. Tout est parti de lui. En quelque sorte, cette poignée d’intermédiaires, après avoir huilé la machine silencieuse de la corruption, a pris en otage l’ancien chef de l’État dont l’épouse Mamadie Touré avait, dit-on, sur lui une forte emprise. Au fur et à mesure que Mme Conté se la coulait douce et était aux soins de Benny Steimetz via sa société-écran, Pentler Holding, une OPA sur la concession minière se précisait aux odeurs nauséabondes. Dans cette spirale infernale, où les gros moyens ont été utilisés et où l’État est presque absent et fait le mort, les appétits boulimiques de l’oligarchie affairiste ont dicté leur loi au détriment des intérêts de la nation. Dans l’audition, l’épouse de l’ancien président est revenue sur une réunion qui a mal tourné ce jour-là - tenue au palais et qui a fait sortir le général Conté de ses gonds - suite à une offre de rachat par BSGR de toutes les pierres précieuses détenues par le président dans ses coffres. Le plus intrigant dans ce scandale Benny est sans doute le rôle joué par la Rokel Commercial Bank basée à Freetown, via le compte appartenant à un opérateur libanais, Ghassan Boutrous, dont la proximité avec Avidan est établie. Des opérations de virement destinées à l’épouse de l’ancien président ont été effectuées pour brouiller l’identité du destinataire et échapper à la traçabilité des transactions. En tout et pour tout, l’épouse du défunt président Conté a reçu la bagatelle de 5 millions de dollars depuis l’arrivée en Guinée de BSGR pour les services rendus sans compter bijoux, colliers et montres en diamant, voitures dernier cri, des mallettes d’argent en monnaie étrangère.

Preuves irréfutables de corruption

Conakry agacé et outré par le scandale BSGR maintient la pression et campe avec intransigeance sur sa position de poursuivre devant les juridictions internationales la compagnie du milliardaire israélien. Cette audition fracassante de Mme Condé, laquelle a servi de connexion au groupe minier à s’offrir ses deux titres miniers, est perçue par le nouveau régime comme une délivrance au premier degré qui enfonce l’homme d’affaires, bien moulé dans son rôle de corrupteur. L’état guinéen, qui poursuit Benny Steimetz pour corruption et détournement de titres miniers et qui a gelé toutes les conventions détenues par BSGR s’offre ainsi une pièce à conviction en or pour blinder sa plainte devant les juridictions internationales. L’épouse du défunt général a même autorisé l’usage de ses informations par le gouvernement guinéen, dans le cadre des poursuites judiciaires contre la compagnie minière BSGR. Les nouvelles autorités viennent de résilier le contrat de concession de la junior brésilienne Vale, qui était en joint-venture avec BSGR pour l’exploitation des minerais de fer de Simandou. Conakry qui n’a pas dévié de sa position de contester la transparence d’adjudication des titres miniers par l’homme d’affaires Benny Steimetz prend ainsi sa revanche et gagne la première manche de son bras de fer avec la compagnie minière BSGR avant le verdict de l’arbitrage international.

Enquête réalisée par Ismael Aidara