Les enfants sont les premières victimes de l'épidémie du virus Ebola. Bien au-delà des décès, les survivants et enfants de malades se retrouvent souvent seuls, orphelins, isolés au sein même de leurs communautés et doivent faire face à la stigmatisation.

Alors que le cap des cinq mille victimes vient d'être franchi, le fléau du virus Ebola comme beaucoup de maladies infectieuses, atteint les survivants de plein fouet, notamment les enfants dont bon nombre sont aujourd'hui fragilisés, condamnés à mener une existence de stigmatisation et d'exclusion sociale : les pires auspices pour ces vies à reconstruire.

Une situation parfaitement résumée par le directeur régional de l'UNICEF, Manuel Fontaine : "la peur d'Ebola est parfois plus forte que les liens familiaux, elle change les gestes humains de base, tel que le fait de conforter un enfant malade, qui peut être perçu comme un danger de mort".

Sur les 5000 morts officiellement recensés par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) dans les trois pays principalement touchés (Liberia, Sierra Leone et Guinée) depuis le début de l'année, les moins de 15 ans ne représentent que 15% des victimes. Mais ils sont des milliers à avoir perdu au moins un de leurs parents.

Au regard de la situation sanitaire, ces enfants devraient être pris en charge médicalement et surveillés pendant une période de 21 jours correspondant à la durée maximale d'incubation du virus. Hélas, les structures d'accueil sont quasiment inexistantes et ces enfants, au lieu d'un suivi médical approprié, sont souvent purement et simplement mis au ban de leurs communautés.

Heureusement, des initiatives se mettent progressivement en place pour leur venir en aide. Il faut notamment saluer l'exceptionnel travail effectué par l'UNICEF et des organisations humanitaires telles que Save The Children ou Médecins sans Frontières qui, sur place, tentent d'apporter des solutions concrètes pour les enfants notamment, en favorisant leur prise en charge par des survivants d'Ebola.

Grâce à leurs efforts, de petites structures d'accueil temporaires se mettent également en place en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone pour les enfants survivants ou nécessitants un isolement sanitaire. Cependant leur nombre reste largement insuffisant. L'UNICEF a d'ailleurs récemment déploré que seulement 25% des 200 millions de dollars nécessaires aient été à ce jour débloqués pour mener le combat contre Ebola.

La lutte contre l'épidémie va être longue et va laisser des marques auprès des populations des zones touchées. Il est indispensable que les dirigeants internationaux et l'opinion publique prennent mieux en compte la fragilité et les difficultés spécifiques des enfants dans cette crise. Il est urgent que les enfants touchés directement ou indirectement par la maladie ne soient plus laissés pour compte et livrés à eux-mêmes.

Première Dame de Côte d'Ivoire, présidente de la Fondation Children of Africa