Les Etats-Unis et quatre puissances européennes, dont la France, ont appelé mercredi soir à une mobilisation accrue contre l'épidémie d'Ebola qui a fait près de 4.500 morts depuis le mois de mars. Alors qu'un deuxième cas de transmission sur le sol des Etats-Unis a été confirmé par le Centre américain de contrôle et de prévention des maladies (CDC), Barack Obama, François Hollande, Angela Merkel, Matteo Renzi et David Cameron se sont entretenus de la situation lors d'une visioconférence qui a duré près d'une heure et quart.

"L'essentiel de la discussion a porté sur l'épidémie du virus Ebola en Afrique de l'Ouest", indiquent les services du Premier ministre britannique dans un communiqué. "Les dirigeants sont convenus qu'il s'agissait de la plus grave urgence de santé publique internationale des dernières années et que la communauté internationale devait en faire bien plus et beaucoup plus vite pour stopper la progression de la maladie dans la région", ajoute Downing Street.

Le sujet pourrait être de nouveau abordé ces prochains jours, lors du 10e sommet du Dialogue Asie-Europe (ASEM) qui s'ouvre ce jeudi à Milan puis lors du conseil européen de la semaine prochaine à Bruxelles. Les ministres de la Santé de l'Union européenne débattront dès ce jeudi à Bruxelles de l'opportunité d'imposer des contrôles dans les aéroports. Le dernier bilan en date de L'Organisation mondiale de la santé (OMS) fait état de 4.493 décès depuis le mois de mars pour un nombre total de 8.997 cas confirmés, probables ou suspects. Plus grave, l'OMS note que la situation au Liberia, en Sierra Leone et en Guinée, les trois pays les plus touchés, continue de se dégrader "avec une transmission étendue et persistante du virus".

BIENTÔT DES CONTRÔLES EN FRANCE

Après les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, la France va à son tour instaurer des contrôles dans les aéroports à l'arrivée des vols en provenance de la zone touchée par le virus pour détecter d'éventuels voyageurs infectés.

L'Elysée n'a pas détaillé les mesures qui seront prises.

A l'aéroport new-yorkais John Fitzgerald Kennedy, où des contrôles sont en vigueur depuis samedi, des équipes médicales remettent des questionnaires de santé aux passagers arrivant de Guinée, de Liberia ou de la Sierra Leone qu'ils soumettent également à des mesures de température corporelle avec des thermomètres à infrarouge.

Les voyageurs reçoivent aussi une brochure leur indiquant la marche à suivre en cas d'apparition des premiers symptômes de la maladie (fièvre brutale, maux de tête, douleurs musculaires et faiblesse intense).

 

Des contrôles similaires entreront en vigueur ce jeudi dans les aéroports de Newark, Washington-Dulles, Chicago et Atlanta, les quatre autres plates-formes par où arrivent l'essentiel des voyageurs en provenance d'Afrique de l'Ouest. Au cours de cette visioconférence, Barack Obama a souligné la nécessité d'une "réponse internationale plus rapide et plus consistante", précise la Maison blanche dans un communiqué.

"Le président Obama a clairement signifié que le monde devait canaliser les financements de même que le personnel international requis pour inverser la courbe de l'épidémie, notant qu'elle constitue une tragédie humaine mais aussi une menace pour la sécurité internationale", ajoute le communiqué de la présidence américaine.

UNE SECONDE CONTAMINATION SUR LE SOL AMÉRICAIN

Signe d'un sentiment d'urgence, Barack Obama a annulé ses déplacements prévus dans le cadre de la campagne des élections de mi-mandat pour présider une réunion de crise consacrée à la gestion du virus aux Etats-Unis, où un second cas de transmission du virus a été confirmé mercredi par le Centre américain de contrôle et de prévention des maladies (CDC). Il s'agit à nouveau d'une infirmière du Texas Health Presbyterian Hospital de Dallas où un patient libérien est mort le 8 octobre. Une première contamination avait été confirmée dimanche. L'état de santé de Nina Pham, aide soignante de 26 ans ayant également participé aux soins apportés à Thomas Eric Duncan, est "bon", a déclaré l'hôpital. Prenant en compte les inquiétudes et les peurs liées à la contamination des deux infirmières de Dallas, le président américain a promis que les autorités réagiraient avec plus de célérité en cas d'alerte.

Tout hôpital ou établissement de soins où un cas sera signalé recevra dans les 24 heures le renfort d'une équipe du CDC spécialisée dans la gestion de la maladie et la mise en oeuvre des protocoles de protection des personnels soignants, a-t-il dit. "Nous devons nous assurer que nous faisons tout ce que nous pouvons pour prendre soin d'eux, de même qu'eux prennent soin de nous", a-t-il ajouté.

(Bureaux de Reuters; édité par Henri-Pierre André)