Au terme d’une semaine cauchemardesque pour l’Elysée, entre remaniement, livre brûlot de Valérie Trierweiler, éviction expresse d’un secrétaire d’Etat et sondages calamiteux, la presse n’hésite plus samedi à s’interroger sur la «légitimité» de François Hollande. Alors que le président de la République a promis vendredi qu’il irait «jusqu’au bout» de son mandat, Le Monde rappelle dans son éditorial que «sa légitimité formelle est protégée par la Constitution. Mais sa légitimité personnelle est en lambeaux, sa légitimité politique en ruine et la confiance du pays proche de zéro».

«Le président de la République a beau demander le respect de sa fonction et celui des institutions qui l’ont placé à l’Elysée pour cinq ans, il ne peut plus faire abstraction de l’état d’effarement de l’opinion publique face à ce jeu de massacre permanent», insiste Jérôme Glaize du Maine libre.

La Constitution «le protège en principe contre tout aléa pour la durée de son mandat. Mais là n’est pas l’important. L’important est ce sentiment d’avoir été floués qui submerge tous ceux qui ont cru en lui. Et cette confiance trahie qui ne lui sera plus jamais pardonnée», renchérit Yves Harté dans les colonnes de Sud-Ouest.

«A peine 13% des Français lui font encore confiance. Une misère», commente Philippe Marcacci dans L’Est républicain, qui estime que «dans cette crise qui ébranle tout l’édifice politique, la remise en cause ne touche plus seulement l’homme, elle affecte la fonction».

«Si la cote de confiance de François Hollande descend en dessous de 10% - ce qui n’est plus du tout exclu - que vaudront sa légitimité et, plus encore, son autorité dans le pays ?», s’interroge Le Journal de la Haute-Marne sous la plume de Patrice Chabanet.

«Trempé d’impopularité jusqu’aux os», selon la formule de Daniel Ruiz dans La Montagne, François Hollande est dans une situation politique «suffisamment mauvaise pour qu’on se concentre sur ses décisions, ses discours et sa stratégie. Et aussi sur les moyens de sauver une gauche de gouvernement qui menace de faire naufrage», tempère Laurent Joffrin dans Libération.

«On aurait voulu saper les fondements de la République qu’on ne s’y serait pas pris autrement. On aurait voulu donner des munitions à Marine Le Pen qu’on n’aurait pas fait mieux», s’alarme Jean-Marcel Bouguereau dans La République des Pyrénées.

De fait, un sondage Ifop paru samedi dans Le Figaro place la présidente du Front national en tête du premier tour en cas de présidentielle et victorieuse d’un second tour si elle était opposée à François Hollande.

«François Hollande se promettait d’apaiser la France, il l’a mise en ébullition. Quand le peuple a l’impression d’avoir été berné, il se venge. Et se jette donc dans les bras de Marine Le Pen», analyse Paul-Henri du Limbert dans l’éditorial du quotidien conservateur.

AFP