Initialement, le sommet americano-africain qui s'ouvre lundi 4 août à Washington devait être un lieu de débats sur « l'agriculture, la nourriture, l'électricité et l'énergie » sur le continent africain. Mais la rencontre devrait dans les faits se transformer en une réunion de crise consacrée au virus Ebola, alors que l'épidémie mortelle est devenue « hors de contrôle » dans l'ouest de l'Afrique, avec 729 morts sur les quelque 1 300 cas d'infection depuis mars.

Plus de quarante chefs d'Etat africains sont attendus dans la capitale américaine. En raison de l'épidémie sans précédent du virus Ebola qui touche la Guinée, la Sierra Leone et le Liberia, des contrôles médicaux ont été mis en place à l'arrivée aux Etats-Unis des délégués venant des pays affectés. Des mesures de précaution pour des personnes qui auraient couru un « risque marginal, infinitésimal d'exposition », a cependant rassuré Barack Obama.

Les Etats-Unis s'inquiètent en effet d'une possible contagion de la maladie sur leur sol. Samedi, pour la première fois depuis le début de la crise sanitaire, un malade a été rapatrié aux Etats-Unis. Il s'agit du docteur Kent Brantly, qui doit être soigné dans une unité spéciale de mise en quarantaine.Une seconde personne infectée, Nancy Writebol, une aide-soignante, sera aussi transférée très prochainement aux Etats-Unis.

Accaparés par la gestion de ce qui est, de loin, la plus grande épidémie en près de quarante ans d'histoire de cette maladie, le président sierra-léonais Ernest Bai Koroma et son homologue libérienne Ellen Johnson Sirleaf ont cependant renoncé à venir aux Etats-Unis.

LA « CHINAFRIQUE » EN LIGNE DE MIRE

Washington espère cependant pouvoir maintenir son agenda économique, afin de renforcer sa coopération avec l'Afrique, région prometteuse à la croissance supérieure à celle du reste du monde – le FMI table sur 5,8 % en 2015. Les Etats-Unis revendiquent leur place comme partenaire d'une région que M. Obama qualifiait il y a un an de « prochaine grande success story mondiale ».

L'Afrique est un enjeu important pour les Américains. Les Etats-Unis ne pointent désormais qu'à la troisième place au tableau des échanges commerciaux avec le continent, loin derrière l'Union européenne, solidement en tête, et la Chine. Cependant, la Maison Blanche assure que son initiative n'est en rien une riposte tardive à la « Chinafrique ». Tout, pourtant, dans les propos américains, démontre que la fulgurante offensive de la Chine sur le continent au cours de la décennie écoulée est dans tous les esprits.

 « Mon conseil aux dirigeants africains est de s'assurer que si la Chine construit des routes et des ponts, d'une part ils embauchent des travailleurs africains, d'autre part que les routes ne relient pas seulement les mines au port qui permettra de rallier Shanghaï mais que les gouvernements africains aient leur mot à dire dans la façon dont ces infrastructures seront bénéfiques sur le long terme », soulignait le président américain dans The Economist.

 

La prolongation de l'Agoa, le programme américain accordant des avantages commerciaux à certains produits africains, ou encore l'initiative « Power Africa », qui vise à doubler l'accès à l'électricité en Afrique subsaharienne, seront au menu des discussions.

Sur le dossier sécurité, la menace d'Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), les attaques répétées de Boko Haram, la guerre civile au Soudan du Sud ou encore les offensives meurtrières des Chabab somaliens au Kenya seront immanquablement abordés.

INVITATIONS POLÉMIQUES

Mais Barack Obama a également affirmé que le sujet des droits de l'homme sera aussi à l'ordre du jour. La composition de la liste des invités a en effet fait grincer des dents. Seuls les dirigeants de quatre pays, jugés infréquentables, n'ont pas été conviés : la République centrafricaine, l'Erythrée, le Soudan et le Zimbabwe. Mais les indéboulonnables présidents de la Guinée équatoriale (Teodoro Obiang Nguema), du Cameroun (Paul Biya) ou encore de l'Angola (Eduardo dos Santos) ont en revanche reçu un carton d'invitation.

Pour l'organisation Human Rights Watch, M. Obama ne peut pas rester silencieux sur les droits de l'homme et doit en particulier insister sur le cas de la Guinée équatoriale, où « la pratique de la torture est monnaie courante ».