Barack Obama s’est exprimé ce lundi 28 juillet devant 500 jeunes entrepreneurs africains réunis à Washington avant le sommet des chefs d’Etat Etats-Unis/Afrique, sur le thème « investir dans la prochaine génération ». Le président des Etats-Unis a annoncé que, d’ici à 2016, un millier de jeunes entrepreneurs africains pourront venir chaque année se perfectionner dans les universités américaines.

L’accueil réservé par les jeunes entrepreneurs africains à Barack Obama ressemblait plus à celui d’un concert de rock qu’à une réunion politique. Le président des Etats-Unis a été accueilli par une ovation debout, les jeunes ont ri aux plaisanteries dont Barack Obama agrémente toujours ses interventions, et ils ont beaucoup applaudi.

« Pouvoir échanger d’égal à égal »

Barack Obama s’est réjoui de l’esprit d’initiative des jeunes dirigeants Africains : « Une des choses que je trouve très intéressantes, a-t-il affirmé, c’est de voir à quel point les jeunes africains ne réclament pas d’aide, pas d’argent. Ils veulent savoir comment créer des opportunités grâce à l’entreprenariat et au commerce. Car si vous voulez un développement sur la longueur, la clé est de maîtriser vous-même ce qui est produit pour ensuite pouvoir échanger avec les autres pays du monde d’égal à égal. »

Monter une entreprise sans capital de départ est difficile, a reconnu le président américain. Les investissements en Afrique vont trop souvent à ceux qui sont déjà au sommet, pour leurs entreprises ou pour leur enrichissement personnel, a déploré Barack Obama. « Les jeunes doivent demander beaucoup à leurs dirigeants, leur niveau d’attente doit être élevé. Et ne vous laissez pas duper par la notion selon laquelle il y aurait une voie africaine. Non. Faire les choses « à l’africaine », ce n’est pas arriver au pouvoir et, d’un coup, avoir deux milliards de dollars sur un compte en banque en Suisse », a-t-il dit.

Barack Obama, enfin, a invité les jeunes à ne pas chercher d’excuses, s’il a reconnu le poids de la dette et l’héritage de certaines pratiques coloniales néfastes, elles ne sont pas, selon lui, le principal frein au développement et à l’entreprenariat sur le continent.

Répétition générale

Le président des Etats-Unis sait très bien capter l’attention d’une foule. Et celle-ci lui était acquise. Le charme a opéré, ce qui n’a pas empêché les jeunes, lors du « question-réponse » qui a suivi l’intervention présidentielle, d’aborder les questions les plus sérieuses.

Thèmes de la corruption, les changements de Constitutions, l’égalité des sexes, on se demande si l’intervention de Barack Obama n’était pas destinée aux chefs d’Etat qui arrivent la semaine prochaine. En tout cas, c’était une sorte de répétition générale.

Sur la démocratie, Barack Obama a ainsi expliqué qu’aucun pays ne peut réussir sur le long terme sans des règles claires et respectées par tous, ajoutant que l’argument « en Afrique, c’est différent » ne pouvait permettre à un chef d’Etat de s’enrichir aux dépens de ces concitoyens. Idem sur les traditions. Tout peut être remis en cause, c’est le privilège de la jeunesse. Il faut par exemple rejeter les mutilations sexuelles, une pratique « barbare et inacceptable ».

Enfin, aucun dirigeant n’a vocation à rester au pouvoir. Et là encore, le président des Etats-Unis a incité la nouvelle génération à faire entendre sa voix. A voir, maintenant comment tout cela se traduit la semaine prochaine…

Le sommet Etats-Unis / Afrique, qui commence officiellement le 4 août, est très suivi également par la presse du continent, avec un regard pas toujours exempt de critiques (à lire dans la Revue de la presse africaine de ce mardi 29 juillet).

Rfi