Alors que les plus de 800 roquettes ayant atteint le territoire israélien en une semaine n'ont pas fait de mort, les frappes israéliennes ont tué lundi 14 Palestiniens, portant le bilan à au moins 184 morts et 1287 blessés dans la bande de Gaza, selon les secours palestiniens.

C'est un bilan désormais plus lourd que l'opération "Pilier de défense", menée en novembre 2012, qui avait déjà pour objectif de faire cesser les tirs de roquette de Gaza. Il y a deux ans, les hostilités avaient provoqué la mort de 177 Palestiniens et de six Israéliens en une semaine, rappelle Le Monde.

Et le bilan de l'opération 2014, "Bordure protectrice", devrait encore s'alourdir. Israël comme le Hamas ont en effet exclu toute trêve dans l'immédiat, au 7e jour de bombardements sur la bande de Gaza. Mais la diplomatie internationale s'active pour arracher un cessez-le-feu.

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry est attendu mardi au Caire pour évoquer le dossier, tandis que ses homologues allemand et italien ont été dépêchés au Proche-Orient.

De hauts responsables de mouvement islamiste palestinien ont énuméré les conditions devant être acceptées par Israël avant tout arrêt des hostilités. En attendant, "personne ne peut dire quand la violence stoppera", a déclaré Mouchir al-Masri, un député et porte-parole du Hamas à Gaza. "Tout cessez-le-feu doit se fonder sur les conditions que nous avons mises en avant. Rien de moins ne sera accepté", a-t-il insisté.

Le Hamas exige l'arrêt des bombardements, la fin du blocus de Gaza en place depuis 2006, l'ouverture du poste-frontalier de Rafah avec l'Egypte et la libération des prisonniers arrêtés de nouveau après avoir été relâchés dans le cadre de l'accord d'échange du soldat israélien Gilad Shalit en 2011.

Un premier Palestinien été tué en Cisjordanie

Israël ne semble pas non plus prêt à la conciliation. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a promis de frapper "avec de plus en plus d'intensité" et accuse le Hamas d'utiliser "la population comme un bouclier humain". Les déclarations va-t-en-guerre des deux camps interviennent malgré l'accélération du ballet diplomatique.

John Kerry s'est dit à nouveau prêt dimanche à faciliter une cessation des hostilités. Le chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier était lundi à Amman, avant une visite mardi à Jérusalem et à Ramallah, le siège de l'Autorité palestinienne en Cisjordanie. Son homologue italienne Federica Mogherini était attendue mercredi.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a estimé que "trop de civils palestiniens" avaient été tués et a redouté qu'une éventuelle offensive terrestre israélienne ne vienne alourdir ce bilan.

La Ligue arabe, dont les ministres des Affaires étrangères doivent se réunir lundi soir au Caire, a exhorté la communauté internationale à protéger Gaza, faisant écho à une demande dimanche du président Mahmoud Abbas de "placer officiellement l'Etat de Palestine sous le régime de protection internationale de l'ONU".

 

Sur le terrain, les hostilités n'ont pas cessé. Pour la première fois depuis le début de l'opération à Gaza, un Palestinien de 20 ans a été tué en Cisjordanie dans des heurts avec l'armée lors d'une manifestation lundi matin au sud de Hébron. Israël a aussi poursuivi sa campagne de répression en Cisjordanie occupée, en arrêtant 23 Palestiniens dans la nuit, dont 11 députés du Hamas.

La spirale de violences actuelles a été enclenchée après l'enlèvement et le meurtre de trois étudiants israéliens près de Hébron en juin, attribués par Israël au Hamas, suivis de l'assassinat d'un jeune Palestinien brûlé vif à Jérusalem, pour lequel trois suspects extrémistes juifs doivent être inculpés dans les prochains jours.

Plus du quart des décès sont des enfants

A Gaza, de nouvelles frappes ont touché des bases des brigades Ezzedine al-Qassam, la branche militaire du Hamas, et le Hamas continuait de lancer des volées de roquettes vers Israël.

Pour la première fois, l'armée israélienne a aussi abattu un véhicule aérien sans pilote (UAV) au-dessus d'Ashdod, à 30 km au nord de Gaza. Les brigades al-Qassam ont affirmé dans un communiqué avoir envoyé en Israël plusieurs de ces drones fabriqués à Gaza, et que certains avaient même survolé le ministère israélien de la Défense à Tel-Aviv.

"Tout indique, c'est dramatique, que les femmes et les enfants représentent une large part des victimes des frappes aériennes. A l'heure actuelle, plus du quart des décès sont des enfants", a déploré à Gaza le patron de l'agence de l'ONU pour l'aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA), Pierre Krahenbuhl.

Mais si l'armée poursuit ostensiblement ses préparatifs pour une opération terrestre de grande envergure, les médias israéliens ont indiqué qu'une réunion du cabinet de sécurité s'était achevée tard dimanche sans que la question soit tranchée. "Les résistants (palestiniens) en rêvent, que l'ennemi décident d'une invasion terrestre! Gaza sera leur cimetière si Dieu le veut", a promis le Hamas.

Lundi, beaucoup de familles du nord de l'enclave, parties dimanche à la hâte après avoir reçu l'ordre de l'armée israélienne d'évacuer leur domicile, sont retournées chez elles, les unes pour chercher des effets personnels, les autres dans l'espoir que l'accalmie se prolonge.

Selon l'UNWRA, quelque 17.000 personnes ont trouvé refuge dans les écoles qu'elle gère sur place. Mais l'accueil y est difficile. "Il y a très peu d'eau, de nourriture et les enfants n'ont rien à faire. On dort à même le sol", a raconté Rehab, une réfugiée de 27 ans.

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