Depuis quatre jours, les missiles israéliens croisent les roquettes palestiniennes. Israël et le Hamas s'installaient vendredi 11 juillet dans la guerre, alors que se poursuivent les bombardements israéliens sur Gaza et les tirs de roquettes contre Israël, faisant craindre une extension du conflit.

Au total, côté palestinien, les raids aériens ont fait près de 100 morts et plus de 500 blessés, dont nombre de femmes et d'enfants. Dans le même temps, le Hamas et le Jihad islamique, un groupe radical allié, ont lancé quelque 530 roquettes et obus vers Israël (qui n'ont pas fait de victimes), dont 120 ont été interceptés par Iron Dome, selon l'armée.

Depuis ce nouveau cycle de violences le plus meurtrier depuis novembre 2012, l'expression "troisième intifada" revient régulièrement dans les médias. Si on a souvent entendu ce mot, on ne sait pas toujours ce qu'il désigne exactement. Une intifada, c'est quoi? On reprend depuis le début.

    Deux précédents dans le conflit israélo-palestinien

En arabe, le mot "intifada" signifie "soulèvement". Dans le conflit israélo-palestinien, l'intifada fait référence à deux révoltes des Palestiniens contre ce qu'ils considèrent comme une occupation israélienne.

La première, appelée également "guerre des pierres" en référence aux pierres lancées par les Palestiniens, débute en 1987. Soulèvement spontané, il est d'abord sous-estimé mais prend rapidement de l'ampleur. "L'intifada a brisé le statu quo qui avait régné dans les territoires occupés pendant vingt ans, au prix toutefois de nombreuses victimes (plus de 1100 Palestiniens, une trentaine de soldats israéliens et une quarantaine de colons tués de décembre 1987 à septembre 1993)", rappelle l'encyclopédie Larousse. Il faudra attendre 1993 et la signature des accords d'Oslo pour que cette guerre des pierres s'achève.

La visite d'Ariel Sharon sur l'Esplanade des Mosquées à Jérusalem le 28 septembre 2000 déclenche ensuite la seconde intifada, appelée aussi "Intifada Al-Aqsa", du nom de la mosquée qui se trouve sur l'Esplanade. Une visite durant laquelle il a revendiqué la souveraineté de ce lieu hautement symbolique et qui a été considéré comme une provocation par les Palestiniens "excédés par la stagnation du processus de paix, ainsi que par la poursuite de l’occupation israélienne et de l’expansion des colonies", rappelle l'Institut Medea.

"Rapidement militarisée, elle s'accompagne d'un nombre de victimes palestiniennes très supérieur à celui des Israéliens malgré la violence des attentats suicide perpétrés par les mouvements extrémistes palestiniens", souligne de son côté le Larousse.

Cinq ans plus tard, Ariel Sharon et Mahmoud Abbas se retrouvent à Charm El-Cheikh, en Egypte, pour annoncer la fin des violences qui ont fait plusieurs milliers de victimes.

    Se dirige-t-on vers une troisième intifada?

Alors que les civils palestiniens paient un lourd tribut, l'escalade entre le Hamas et l'armée israélienne risque-t-elle de conduire à une troisième intifada?

 

Interrogée sur France Inter jeudi 10 juillet, Leila Shahid, ambassadrice de la Palestine auprès de l’Union européenne, le croit. "Tant que durera l'occupation, il y aura une quatrième, cinquième, sixième, dixième, centième Intifada. Le peuple palestinien comme tous les peuples assujettis à la colonisation, a la force, le courage, la dignité de résister, comme vous avez résisté à l'occupation allemande en Europe. Et nous continuerons à résister tant que nous n'aurons pas nos droits", a-t-elle déclaré.

Cependant, plusieurs observateurs nuancent la possibilité d'un nouveau soulèvement d'ampleur comme ceux de 1987 et 2000. Le géopolitologue Frédéric Encel, interrogé par BFMTV, n'y croit pas car selon lui la "raison sociale" n'est plus la même.

"En 1987 et 2000, lors des deux premières intifada, la situation sociale des Palestiniens était catastrophique. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, notamment en Cisjordanie, qui compte plus de cinq ans à 5% de croissance. Une classe moyenne s’est développée, on a vu apparaître des activités économiques et industrielles qui n’existaient pas auparavant, et il y a eu une augmentation du niveau de vie des Palestiniens", analyse-t-il avant d'ajouter qu'il y toutefois "une désespérance politique parce que, à nouveau, un processus de paix s’est arrêté sans qu’il n’y ait de véritable résultat".

Même son de cloche du côté de Jean-François Legrain, historien rattaché à l’Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman interrogé par Le Monde. "Il n'y a pas eu de soulèvement en décembre 2008 (opération "Plomb durci") ni en novembre 2012 (opération "Pilier de défense"). Les récents heurts étaient très limités géographiquement et dans le reste des territoires, il y a eu très peu de mobilisation", explique-t-il.

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