Comme attendu le gouvernement guinéen et ses partenaires du projet SIMFER (Rio Tinto, Chinalco et la SFI), ont procédé en grande pompe ce lundi 26 mai à Conakry à la signature du cadre d’investissement (CI) pour les blocs 3 et 4 de Simandou.

C’était en présence du président de la République, Alpha Condé, des membres de son gouvernement, des diplomates accrédités en Guinée, des représentants  de la société civile guinéenne, du syndicat et du patronat. En procédant à la signature de ce document-cadre, le ministre guinéen des Mines et de la Géologie, Kerfalla Yansané a expliqué qu’il s’agit d’une étape importante dans la vie du projet Simandou sud après plus d’une année d’intenses négociations entre le gouvernement et ses partenaires du projet.

‘’Ce cadre d’investissement est composé de deux conventions et d’accords commerciaux. Il s’agit en particulier de la convention de base amendée qui est le résultat de la consolidation de la convention de base d’origine et de l’accord transactionnel signé avec les partenaires en 2011 qui prend en compte les évolutions du contexte du projet. La seconde composante est la convention BOT. Cette convention qui est le véhicule à travers lequel  seront réalisées les infrastructures nécessaires à l’évacuation du minerai de fer provenant de la mine du Simandou sud. Ces infrastructures se composent principalement de voies ferroviaires longues de 650 km traversant les 4 régions naturelles du pays et d’un port en eau profonde dans la préfecture de Forécariah’’, a précisé le ministre d’Etat, ministre des Mines qui indique le gouvernement et ses partenaires sont convenus d’attirer en plus des partenaires actuels, des investisseurs tiers pour la construction de ses infrastructures.

Rio-Guinee‘’La convention BOT élaborée à cet effet, est destinée à créer les conditions d’intervention de tous les investisseurs dans le développement de ces infrastructures. Celles-ci sont polyvalentes, c’est-à-dire multi usage, multi utilisateur et pourront bénéficier non-seulement aux compagnies minières mais aussi servir au transport des produits agricoles, de marchandises et de personnes le long du corridor. Ces infrastructures seront rétrocédées  à la Guinée gratuitement au terme d’une période d’exploitation de 30 ans’’ a déclaré le ministre Yansané.

‘’Le mont Simandou renferme le grand gisement de minerai de fer de haute qualité non-exploité au monde. Le projet SIMFER vise à mettre en valeur une partie de ce gisement estimé à plus de 2 milliards de tonnes de réserves avec une production annuelle projetée de près de 100 millions de tonnes d’un coût actuellement estimé à 20 milliards de dollars US. Ce projet est le plus grand projet intégré mine-infrastructures, jamais développé en Afrique’’, a fait remarquer le ministre des Mines et de la Géologie pour qui, la mise en mise en œuvre de ce projet devrait largement contribuer à transformer profondément l’économie guinéenne dans son ensemble.

Selon Kerfalla Yansané, l’ambition du gouvernement est d’utiliser ce projet pour libérer notre énorme potentiel économique non seulement dans le secteur minier mais aussi dans l’agriculture, la sylviculture, les transports, l’artisanat, le  tourisme, le commerce… dans le but de soutenir nos efforts de lutte contre la pauvreté à travers la création d’emplois et la diversification de notre économie.

 

S’agissant du cadre d’investissement, le ministre des Mines souligne, qu’il permettra d’assurer un équilibre et offrira des garanties à tous les parties prenantes, l’Etat guinéen et ses partenaires.

Au delà de son rôle régalien, explique-t-il, l’Etat guinéen est aujourd’hui un partenaire à part entière dans le projet Simandou sud. En effet, affirme Yansané, l’Etat aura un droit de participation au capital de la société chargée de développer le projet communément appelée SIMFER SA. Une participation qui, soutient-il, pourra atteindre 35 pour cent dont 15 pour cent de participation gratuite. ‘’Ainsi en sa qualité d’actionnaire, la Guinée sera en mesure de recevoir et de contribuer à la stratégie commerciale de l’entreprise au sein du Conseil d’administration de la société. Sans compter les retombées financières liées aux impôts, taxes et autres redevances qui pourraient assurer à l’Etat dans les 10 prochaines années, des revenus d’environ 4 fois le budget annuel actuel de la Guinée. Le projet a, par ailleurs, le potentiel de permettre de doubler ou même tripler le PIB du pays avec un taux de croissance à 2 chiffres. Il pourrait contribuer à créer plus de 10 mille emplois directs en phase de construction et des dizaines de milliers d’emplois indirects et induits», a commenté le ministre de Mines.

La signature du cadre d’investissement est une étape très importante, cependant, elle ouvre une nouvelle page dans la vie du projet Simandou sud qui est encore plus exigeante que la phase de négociations des conventions, a fait remarquer Kerfalla Yansané. C’est pourquoi toutes les parties prenantes doivent continuer à travailler ensemble sans relâche pour engager les prochaines étapes du développement du projet dans les meilleures conditions possibles, a-t-il exhorté.

Ce qui doit passer en tout premier lieu, explique le ministre Yansané, par la finalisation dans les tout prochains mois de l’étude de faisabilité du projet pour en faire un projet bancable y compris  la réalisation des travaux préparatoires pour la construction des infrastructures. Une exigence qui doit être suivie selon le ministre des Mines par la mise en place du consortium des investisseurs et le bouclage du financement des infrastructures dans les meilleurs délais.

De son côté, le PDG de Rio Tinto, Sam Walsh a indiqué que le Simandou est un projet extraordinaire de grands défis qui exige une vision à long terme et de la patience. C’est la raison pour laquelle, dira-t-il, il fallu un temps pour arriver à un consensus sur un document qui définit un environnement attractif pour les investisseurs tout en assurant des avantages économiques et sociaux à la Guinée. C’est un document qui garantie l’intérêt de tous, a-t-il déclaré.

‘’Aujourd’hui nous sommes réunis au nom de quelque chose de bien plus important qu’un simple document ou même qu’une mine ou un chemin de fer’’, mentionné  Sam Wash qui se s’est réjoui du fait qu’ils viennent de franchir un nouveau pallier vers leur objectif final qui est l’exploitation et l’exportation des premier tonnage de minerai de fer. Mais, il revient au peuple de Guinée de le décider si le cadre d’investissement doit avoir force de loi, a noté le PDG de Rio Tinto.   Pour le président ALPHA CONDE, la signature du cadre d’investissement est un acte majeur dans la réalisation de cet ambitieux projet dans les meilleures conditions et dans les meilleurs délais.

‘’Si le chemin à parcourir reste cependant long, nous comptons sur Rio Tinto ainsi que sur Chinalco et la SFI pour aider à réaliser cette ambition dans les meilleurs délais’’, a lancé le chef de l’Etat qui déclare que ce projet est autant une opportunité qu’un défi pour la Guinée par sa complexité et son ampleur  sans précédent dans le pays. ‘’Le défi immense qu’il représente n’est seulement celui des partenaires de SIMFER, il est aussi celui du gouvernement qui doit se doter de toutes les capacités pour pouvoir faciliter sa mise en valeur’’, précise-t-il. C’est pourquoi, invite son gouvernement à mettre en place sous la présidence du ministre d’Etat, ministre des Mines et de la Géologie, une commission interministérielle composée des ministres directement concernés par le projet afin d’identifier et de prendre les mesures nécessaires à l’accomplissement efficace du projet par le gouvernement. A tous les partenaires techniques et financiers du pays, Alpha Condé lance un appel à continuer à appuyer le projet qui est, dit-il, plus un projet de développement industriel et d’infrastructures d’une importance majeure pour la Guinée qu’un projet minier classique.   

‘’Les Guinéens placent un espoir dans ce projet, ils doivent donc être au centre des préoccupations de toutes les parties prenantes à tout instant afin que la réalisation du projet contribue à l’amélioration notable de leurs conditions de vie. Nos partenaires privés doivent continuer à intégrer cette dimension…’’, a fait savoir  le président guinéen qui appelle les syndicats, la société civile, les PME et les industries guinéennes à s’impliquer et de à se mobiliser afin que ce projet soit le projet de tous. Mon souhait le plus ardent, a déclaré le président Alpha Condé, est que ce projet soit non seulement un modèle pour la Guinée mais aussi un modèle pour le continent africain pour une gestion responsable des ressources naturelles dans la quête de prospérité  et de réduction de la pauvreté.