Les militaires du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) au Burkina Faso, qui ont pris en otages le président et le gouvernement mercredi, ont annoncé jeudi matin avoir "dissous" les institutions de la transition et promis d'organiser des "élection inclusives".

Un "Conseil national de la Démocratie" affirme avoir mis "fin au régime déviant de la transition (...) Le président de la Transition est démis de ses fonctions. Le gouvernement de transition" et "le Conseil national de la Transition" sont "dissous", a affirmé à la télévision publique un militaire, le lieutenant-colonel Mamadou Bamba.

Durant son allocution, le lieutenant colonel Mamadou Bamba a annoncé qu'il a mis fin au "déviant régime de transition". Il a également dit qu'une "large concertation est engagée pour former un gouvernement qui se dévouera à la remise en ordre politique du pays et à la restauration de la cohésion nationale pour aboutir à des élections inclusives et apaisées", a-t-il poursuivi. Selon les putchistes, le coup d'Etat se justifie par une "grave situation d’insécurité".

L'ancien chef d'état-major de Compaoré à la tête des putschistes

Le général Gilbert Diendéré, ancien chef d'état-major de l'ex-président Blaise Compaoré, a été placé à la tête de ce Conseil national de la Démocratie, a annoncé le CND jeudi dans un communiqué. Un couvre-feu est instauré de 19 heures à 6 heures, et les frontières terrestres et aériennes sont fermées jusqu'à nouvel ordre, selon ce communiqué.

Le RSP, garde prétorienne de l'ex-président Blaise Compaoré, chassé du pouvoir par la rue en octobre 2014 après 27 ans au pouvoir, dénonce notamment la loi n'autorisant pas les partisans de l'ancien président Compaoré à se présenter à l'élection présidentielle qui devait avoir lieu le 11 octobre et devait mettre fin à la transition.

Cette loi électorale très controversée rendait "inéligibles" tous ceux qui avaient soutenu un "changement inconstitutionnel", soit la tentative de Compaoré de modifier la Constitution pour supprimer la limitation des mandats présidentiels.

Le président du Conseil national de la transition (assemblée de transition) Cheriff Sy, a appelé sur RFI "le peuple à se mobiliser immédiatement contre cette forfaiture". "C'est une question de rapport de force" a-t-il lancé, dénonçant un "coup d'Etat". Des tirs étaient régulièrement entendus jeudi matin à Ouagadougou, quadrillée par les militaires de la garde présidentielle qui ont notamment mis en place des barrages tout autour de Ouaga2000, le quartier où se trouve le Palais.

L'Union européenne appelle à la libération du président

Le ministère des Affaires étrangères a appelé jeudi les Français résidant dans la capitale du Burkina Faso à "rester confinés à leur domicile", dans un avis de sa rubrique Conseil aux voyageurs sur son site internet. "Des troubles importants se déroulent en ce moment à Ouagadougou. Il est recommandé aux Français présents à Ouagadougou de rester confinés à leur domicile", indique le site qui conseille aussi "aux voyageurs de reporter tout projet de voyage au Burkina Faso".

 

François Hollande a "fermement" condamné jeudi le coup d'Etat au Burkina Faso, affirmant qu'"il ne peut pas y avoir de légalité avec des putschistes". "J'appelle ces groupes à cesser immédiatement leur action", a déclaré le chef de l'Etat en marge d'une visite à l'Université Paris Sud à Saclay (Essonne). Le contingent français sur place "n'a pas à interférer", a également indiqué le président en réponse à une question.

"Un processus électoral était en cours, les dates étaient arrêtées, le corps électoral était recensé et il y avait donc un processus. Il ne peut pas être expliqué que des groupes puissent empêcher cette transition démocratique qui était en cours. J'appelle donc ceux qui ont commis cet acte à libérer les personnes qui sont retenues et notamment le président de la transition qui encore aujourd'hui est pris en otage et j'appelle ces groupes à cesser immédiatement leur action", a déclaré François Hollande.

La chef de la diplomatie européenne a appelé jeudi à la "libération immédiate" du président et des membres du gouvernement du Burkina Faso retenus en otage depuis la veille par des militaires d'un régiment d'élite.

"L'UE appelle à la libération immédiate des personnes retenues et au respect de la Transition et de l'intérêt général", a indiqué Federica Mogherini dans un communiqué.