D’abord critiqué pour son attentisme, François Hollande s’est beaucoup impliqué cette semaine en faveur d’un nouveau plan d’aides à la Grèce. Pari gagné. En œuvrant jusqu’au bout, et quasi seul, pour éviter un Grexit, une sortie de la Grèce de la zone euro, François Hollande a pris des risques. Mais l’annonce, lundi 13 juillet au matin, d’un accord adopté à l’unanimité sur le nouveau plan d’aide à Athènes semble lui donner finalement raison, même si cet accord ne résout pas tout.

« Un accord a été trouvé. Cet accord, la France le cherchait, le voulait. Il permet à la Grèce de rester dans la zone euro », s’est d’ailleurs félicité le président français, dès lundi matin depuis Bruxelles, au terme de 17 heures d’une négociation marathon.

« FRANÇOIS HOLLANDE A JOUÉ SON RÔLE »

Le premier ministre Manuel Valls, qui s’exprimait sur France Inter juste peu avant l’annonce de cet accord, a, lui été moins sobre en déclarant : « Moi je veux dire ma fierté d’être aux côtés de François Hollande, et de réussir aujourd’hui ce qui semblait impossible. Parce que tout au long du week-end on nous disait qu’il y aurait un échec, que la Grèce allait peut-être sortir de la zone euro. Et si la Grèce reste dans la zone euro, ce sera grâce à la France et grâce à François Hollande. »

« Nous nous félicitons qu’un accord ait pu être trouvé, a pour sa part reconnu Éric Woerth,, délégué général au projet des Républicains, qui a estimé queFrançois Hollande, après avoir eu"une forme de complaisance », a finalement « joué son rôle, il s’y est consacré avec beaucoup d’énergie. »

UN RÔLE D’ABORD CRITIQUÉ

Il est vrai que le président français, qui a toujours pensé qu’un Grexit serait un désastre économique, un risque géopolitique et une défaite de la construction européenne, a mouillé sa chemise pour éviter cette issue. Pourtant son rôle de trait d’union entre le dirigeant d’extrême gauche Alexis Tsipras, qui refuse les nouveaux efforts imposés à son peuple en échange d’une nouvelle aide, et la chancelière allemande Angela Merkel, inflexible sur l’ampleur de ces efforts, a d’abord, début juin, semblé recueillir peu de fruits.

Au point de déchaîner les critiques en France, où la gauche de la gauche lui a reproché de ne pas assez appuyer les justes demandes du peuple grec, et la droite lui a reproché son attentisme puis son manque de solidarité avec Berlin. Dimanche, au sortir d’une réunion du Parti populaire européen (PPE), dont sont membres Les Républicains (ex-UMP), l’ancien président Nicolas Sarkozy (Les Républicains) a même déclaré : Il faut que M. Hollande se ressaisisse et reconstitue une unité avec la chancelière allemande (Angela) Merkel. »

 

 

DEPUIS LE 5 JUILLET, CHANGEMENT DE BRAQUET

Mais, depuis le non au référendum grec de dimanche 5 juillet, François Hollande a manifestement changé de braquet. En assumant beaucoup plus publiquement un rôle de conseiller de la Grèce, que d’autres pays, ou même la Commission européenne, ne veulent plus endosser depuis le référendum.

Ainsi, dès le soir du référendum, François Hollande s’est entretenu avec Alexis Tsipras sur la nécessité de revenir dans le jeu des négociations. Lundi, il a reçu Angela Merkel à l’Élysée et la convainc d’accepter de relancer des négociations. Et bénéficie d’un appui de poids en la personne du président américain Barack Obama, qui souligne alors la nécessité de « compromis difficiles de tous les côtés ».

UNE ÉQUIPE DE HAUTS FONCTIONNAIRES FRANÇAIS A LA RESCOUSSE

Mardi, le trio Hollande-Merkel-Tsipras s’est revu, réunion que le président français a ensuite débriefée avec son homologue grec. On apprendra ensuite que, discrètement, Paris a aussi envoyé des hauts fonctionnaires du Trésor pour aider Athènes à reformuler des propositions pour qu’elles soient Merkelo-compatibles.

Et, de fait, jeudi, les propositions d’Alexis Tsipras ont surpris par l’ampleur des concessions faites par la Grèce. François Hollande est alors le premier dirigeant européen à saluer vendredi des propositions « sérieuses » et « crédibles ».

« La part de Hollande n’est pas négligeable [dans] l’atmosphère beaucoup plus positive qu’au lendemain du référendum (grec) où quelques-uns disaient « ça y est, nous voilà quasiment dans le Grexit » », note alors Hans Stark, politologue de l’Institut français des relations internationales (Ifri).

Restait ensuite à convaincre l’Allemagne, avec qui la fracture semble encore élargie. Samedi, un journal allemand révèle ainsi qu’un scénario allemand non officiel envisageant un Grexit circulait ainsi dans les travées de Bruxelles. Et dimanche, la chancelière allemande Angela Merkel, annonce dès son arrivée à la table des négociations : « La valeur la plus importante, à savoir la confiance et la fiabilité, a été perdue » avec Athènes.

TOUT N’EST PAS RÉSOLU

Cependant, au terme d’une journée de négociations marathon plus tard, soldée par une quadrilatérale entre Angela Merkel, François Hollande, Alexis Tsipras et le président du Conseil européen Donald Tusk, l’accord est trouvé. Ainsi, le président le plus impopulaire de la Ve République trouve, sur le terrain international, une rare occasion de se réjouir. Reste à savoir pendant combien de temps il pourra savourer cette victoire. Le plan d’aide à la Grèce doit maintenant être approuvé en interne par les 19 pays de la zone euro. Dont la Grèce qui, le 5 juillet, avait refusé par référendum des efforts similaires.

Nathalie Birche