"Ce matin, après la reprise des tirs de roquette contre Israël, les forces armées ont ciblé des sites terroristes dans la bande de Gaza", a indiqué l'armée dans un communiqué, peu après que le Premier ministre Benyamin Netanyahou lui a ordonné de riposter vigoureusement aux nouvelles attaques de Hamas. Le mouvement islamiste Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, a ainsi annoncé vendredi au Caire qu'il ne prolongeait pas le cessez-le-feu dans l'enclave palestinienne en vigueur depuis trois jours. Mais "les négociations se poursuivent", a précisé Fawzi Barhoum, porte-parole du Hamas à Gaza. Une annonce intervenue alors que les tirs de roquette sur Israël venaient de reprendre.

La trêve des combats devait expirer à 5 heures GMT (7 heures en France), mais l'armée israélienne a annoncé que deux roquettes avaient été tirées sur le sud d'Israël en provenance de Gaza trois heures avant cette échéance. Israël avait pourtant proposé dès mercredi soir une prolongation pour une durée illimitée du cessez-le-feu entré en vigueur mardi matin, sous réserve qu'elle ne soit assortie d'aucune condition.

Peu après, l'armée israélienne annonçait qu'au moins dix roquettes avaient été tirées de la bande de Gaza vers Israël, dont deux sur la ville d'Ashkelon, limitrophe de l'enclave palestinienne. Les brigades Al-Qods, la branche armée du Jihad islamique qui participe aux négociations du Caire, ont revendiqué ce dernier tir. Craignant des représailles, des milliers de Palestiniens fuyaient leurs maisons dans l'est de la ville de Gaza par peur de nouvelles frappes alors que des drones israéliens survolaient l'enclave palestinienne, selon un journaliste de l'AFP et des témoins. Aucune frappe n'avait eu lieu dans l'immédiat, mais l'armée israélienne a plusieurs fois répété qu'elle répliquerait à tout incident et se tient prête le long de la frontière à répondre à toute reprise des combats.

Israël n'a "rien contre le peuple de Gaza" (Netanyahou)

Israéliens et Palestiniens ont poursuivi toute la nuit avec l'entremise des Égyptiens des pourparlers indirects, intenses et extrêmement ardus pour que le cessez-le-feu se transforme en trêve durable. "Je ne suis pas sûr que la bataille soit terminée", a affirmé jeudi le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou sur la chaîne américaine Fox News. "Tout dépend s'ils (le Hamas) veulent continuer cette bataille. Je pense que nous devons trouver une solution pacifique, si on le peut", a-t-il ajouté, affirmant en outre qu'Israël n'a "rien contre le peuple de Gaza" et veut l'aider à se débarrasser de la "tyrannie effrayante" du Hamas.

De son côté, le porte-parole des brigades Al-Qassam, Abou Obaida, a présenté la possibilité de construire un port sur la Méditerranée comme la première des exigences de son organisation. Il réclame aussi "la fin véritable de l'agression (israélienne) et une vraie levée du siège". Or, Israël "n'a pas accepté de mettre un terme au blocus", a expliqué un responsable du Hamas au Caire.

L'armée israélienne, qui a retiré ses troupes de Gaza, se tient prête le long de la frontière à répondre à toute reprise des combats.

 

Israéliens et Palestiniens avaient engagé les discussions avec des exigences apparemment inconciliables, mais sous la pression du terrible bilan humain de la guerre. L'opération Bordure protectrice déclenchée le 8 juillet par Israël pour faire cesser les tirs de roquette contre son territoire et détruire le réseau de tunnels servant au Hamas à s'infiltrer en Israël a tué 1 890 Palestiniens, dont 430 enfants et adolescents, selon le ministère palestinien de la Santé. Selon l'Unicef, 73 % des victimes sont des civils. Côté israélien, 64 soldats et 3 civils ont péri.

Les Gazaouis "ont besoin d'espoir" (Obama)

Le président américain Barack Obama avait mis son poids dans la balance jeudi en exhortant les négociateurs dépêchés au Caire à s'entendre. Il a implicitement pressé Israël, dont les États-Unis sont le principal allié, d'accepter de lever le blocus imposé à la bande de Gaza et de répondre ainsi à une attente primordiale des Palestiniens. Les Palestiniens ordinaires qui vivent dans le territoire contrôlé par le Hamas "ont besoin d'espoir" et il doit y avoir "une reconnaissance du fait que Gaza ne peut pas subvenir à ses besoins en étant coupée du monde, sans pouvoir donner une chance, des emplois, de la croissance, à sa population", a-t-il dit.

La guerre a mis au tapis l'économie de ce territoire exigu de 41 km de long sur 12 km de large au maximum, sur lequel 1,8 million de personnes coincées entre Israël, l'Égypte et la Méditerranée tentent de survivre à un blocus imposé depuis 2006 par l'État hébreu.

À Chajaya, banlieue dévastée de la ville de Gaza, l'ancien porte-parole du Hamas Ayman Taha a été trouvé mort jeudi, a annoncé le mouvement islamiste, après que l'appartement "où il se trouvait avec plusieurs autres personnes" eut été bombardé par Israël.